Je voudrais donc explorer différents déplacement de l’image sur des supports, matériaux, technologies ou échelle. En effet, j’aspire à considérer davantage le choix du développement photographique, à définir davantage mes images dans l’espace en tant qu’objet, pour que celui-ci puisse être vu et interprété le plus justement possible.
Il y a une nécessité de travailler la matérialité de l’image.

Je cherche à organiser ma collecte quotidienne d’images, à lui donner une matière, une spacialité, un corps, pour donner sens à des sculptures du quotidien et leurs histoires au moment de notre rencontre dans le paysage urbain et virtuel dans lequel je me déplace.

Mes propres images à présent n’existent que numériquement, et d’une certaine manière, n’existent pas. Elles sont sauvegardées, “en latence”, dans mes disques durs, cachées dans des dossiers à travers des ramifications complexes du désordre de mes appareils de sauvegarde. Les plus chanceuses, les photographies argentiques, ont eu droit à un piètre développement automatique des magasins de photos, et sont maintenant dans une pochette plastique dans l’un des tiroirs de mon 24m2.

Dans ce monde où "tout existe pour aboutir à une photographie" (S.Sontag), je sature. Je perd de la sensibilité face à l'image.

Mes images naissent de rencontres fortuites avec des sujets et des éléments, des sensations. Le titre de ce travail de Jonas Mekas résonne avec la manière dont je produis.


"I am not really a film Maker [...] I just film", "recording the subtle, almost invisible acts, experiences, feelings..."
Jonas Mekas interview

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